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Acerca de

Dépliage de souvenirs

 

Je me souviens devenir mère… écartelée, apeurée, délivrée puis rafistolée.

De grands yeux qui vous cherchent puis vous fixent : « Maintenant rien ne sera plus jamais comme avant. »

Injonction à allaiter, injonction à vite récupérer, injonction à ne pas se laisser aller. “Qui aime des seins qui pendent ?” Entre-temps, les chairs me lancent nuit et jour, cicatrice à vif mal recousue. Je tâtonne et me contorsionne avec précaution pour bouger, rire ou aller aux toilettes. D’ailleurs c’est ma hantise les toilettes. Je ne supporte plus d’écarter les jambes, de m’imaginer mon intimité abîmée. Comme une rescapée, je sursaute dans mon sommeil en m’imaginant qu’on vient encore une fois me titiller le nénuphar.

L’instinct maternel à tout prix, les bons réflexes, mais ne pas devenir esclave du petit être, tout en lui faisant de la place dans son quotidien, la nuit, à son sein, dans son cœur. Ne plus dormir. Ne pas négliger son homme non plus sinon il ira gicler sa peine ailleurs. Post-partum, baisse de moral ? Pas le temps pour ça, il y a bien trop à faire “Et puis, tu le voulais ce bébé, non ?” Et pendant ce temps, je me demande ou est-ce que j’ai bien pu passer.

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À mon corps,

 

D’abord je n’avais pas conscience de toi, puis tu t’es développé, tu m’as portée. Je ne t’ai jamais malmené, nous avons cohabité dans la sérénité. Nos jeux d’enfants ont laissé place à des jeux plus sensuels…

Pour accueillir un autre moi, tu m’as bien fait comprendre que ça ne serait pas chose aisée, oui pour la première fois tu t’es rebellé. Douleurs dans les chairs, manipulations en tout genre, intervention chirurgicale, tu as fait preuve de résilience. Puis ce fut le ballet incessant des piqures dans la peau pareilles au grouillement inquiétant d’un essaim de guêpes.

Enfin, la vie a pris forme puisant dans tes ressources pour faire son entrée dans le monde. Mais d’amour et d’attention on t’a privé… Est-ce pour ça qu’aujourd’hui tu cries famine ? Que tu cries ton besoin d’exister et d’être aimé ? Avant d’entamer ta marche vers le crépuscule…

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À partir d’une image…

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Ce sourire et cette posture droite de petite fille sage m’émeuvent et me rendent triste.

Elle a la vie devant elle, un regard vif plein d’espoir, mais teinté d’une légère inquiétude : « Suis-je assez belle, assez intelligente, assez intéressante pour y arriver ? »

Très entourée mais souvent moquée ou rabrouée, parfois ignorée dans le cocon familial qui n’en est pas un, l’extérieur lui semble souvent bien meilleur.

J’aimerais lui dire que ça ira, que ce ne sont que des mots qui restent un temps en suspens et s’évaporent comme toute chose éphémère et sans importance « Regarde… On ne s’en sort pas trop mal, non ? »

J’aimerais lui dire que rien n’est trop beau ou trop grand pour elle, si son cœur l’y porte.

 

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Ça sera comme dans mes rêves…

 

Lorsque j’aurai la liberté d’exercer mon art sans me soucier de sacrifier tout le reste.

Lorsque la vie m’accordera sa bénédiction à briller et tenir les autres par la main pour les pousser vers la lumière

Lorsque des petites filles et des femmes de tout âge se diront, c’est possible

Lorsque mon cœur et mon esprit fonctionneront en parfaite harmonie

Lorsque des vents chauds aux chaleurs tropicales en passant par le froid mordant des hivers, on reconnaitra ma plume.

Lorsque dans la voix de ma mère résonnera la fierté, et enfin, la certitude que notre héritage est entre de bonnes mains et que oui, je peux y arriver.

Lorsque j’arriverai à venir à bout de ces lectures qui étofferont mon savoir et raviveront ma flamme quand j’en aurai le plus besoin.

Lorsque ma fille se reconnaitra en moi, que je lirai dans ses yeux le désir de foncer vers ses rêves.

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À mes sœurs de plume,

 

N’ayez pas peur, n’ayez plus peur.

Écrivez !

Laissez jaillir votre vérité.

Ne laissez rien ni personne vous dire que ce que vous faites n’est pas important, que ce n’est pas nécessaire.

Soutenons-nous, lisons-nous les unes les autres, car tout commence par nous.

Parce que nous portons le flambeau d’une nouvelle lignée, d’un Nouveau Monde, le chemin sera laborieux, mais beau et glorieux.

Écrivez !

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